Le chemin

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Il est long ce chemin, elle est longue cette route qui mène à toi, Seigneur. C’est Abraham qui se met en marche, depuis le désert jusqu’en Egypte. Un chemin qu’il fait seul ou en transhumance avec bêtes et serviteurs, avec Sarah et les autres femmes. Il y rencontre sur cette route des gens qui ont les chaussures bien propres, qui n’ont pas à parcourir ces pentes et ces collines ensablés ou englués de boue.

Pieds nus ou chaussés, nos jambes nous portent sur ces routes, nous traversons les montagnes, Sinaï, montagne de Sion et aujourd’hui Alpes, en train, le tunnel ferroviaire le plus long du monde, pour l’instant.

Venir, partir, revenir, c’est le moment de rencontrer les êtres qui nous sont chers, mais éloignés, car l’exil nous a mené sur d’autres chemins, dans d’autres maisons. Arrivés chez eux, être servis, et se raconter. Dire comment on va, manger et boire, puis repartir.

Trouver un lieu, enfin, ou on peut résider. Le faire propre, laisser sa trace, se mettre à l’aise puis repartir.

 Suivre la trace qui a été laissé sur le sol. Espérer qu’on nous invite dans une demeure on l’on pourrait rester. L’hospitalité est un acte sacré pour les gens de la bible et dans de nombreux pays lointains. Savons-nous encore être hospitalier ? Chercher un être cher qui nous aimerait assez pour nous garder ou mentir comme Abraham pour avoir les grâces de Pharaon. Mais comme dit ma mère « le bugie hanno le gambe corte » Les mensonges ont les jambes courtes, alors Abraham et sa tribu repartent. Là n’était pas leur place.

Allure du pas rapide ou lente car nous sommes chargés de vivre et de nécessaires nous permettant d’avoir de quoi se vêtir et manger. Marcher encore du pas sûr si l’on connaît le chemin, en regardant le ciel si cela nous aide. Faire le feu, enfin, quand ce n’est pas trop sec, quand l’été n’a pas été trop aride, dans des contrées loin de celles d’Abraham. Retrouver une maison, hospitalière cette fois et où l’on peut regarder vraiment ce qu’il y a autour de nous. Oiseaux migrateurs, comme nous, pierres bicentenaires, posées par d’autres mains. Boire le thé et voir les tâches qui nous attendent et surtout, surtout savoir où l’eau se trouve.

Vivre avec peu même si ce n’était pas le cas d’Abraham qui était très riche. Drôle d’images bibliques, un patriarche en transhumance qui sentait la chèvre et l’âne, qui vivait dans des tentes mais qui avait des coffres de bijoux en or. Les affaires étaient prospèrent avec le commerce du bétail.

Vivre avec peu dans une modeste demeure de montagne. Aller chercher l’eau à la source et lui en être reconnaissante. Aimer cette vie simple, où le temps s’étire, ou les rares signes de la civilisations sont quelques appareils posés sur une table et des traces d’avions dans le ciel. Savoir aussi que d’autres avant nous ont été là. Reconnaître leur travail qui fut dur, long harassant et l’admirer.

Venir, partir et revenir.

 

Paula Oppliger Mahfouf, catéchète professionnelle