Le baiser du monde

Le texte peut être téléchargé ici.

Un temps cultuel proposé par Paula Oppliger Mahfouf, catéchète professionnelle

Installez-vous confortablement. Prenez vos aises, dans un fauteuil, sur une chaise, à même la terre, à même le sol, dans votre jardin ou allongez dans votre méridienne ou dans votre canapé.

 ------------   Je vais vous raconter un récit, une histoire à la fois vraie et fausse, à la fois unique et universelle. Elle parle de l’amour, de l’agapé, de l’affection, de l’amitié, de la trahison.

 

Elle commence -----maintenant ----- et nous vient de loin, de très loin, façonnée par moults histoires, racontées puis écrites, écrites et re-racontées, transformées sans doutes par la complexité de la pensée humaine.

Voici cette histoire :

D’abord, saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Ceci est le conseil de Paul dans Romains 16-16 et ceux de Thimotée et de Pierre : pour une église fraternelle et uni en Christ et pour toutes ses églises.

De baisers, avant eux, il n’y en avait pas dans ces pages jusqu’à ce moment fatidique, dans lequel le monde bascule après le Baiser, celui dont nous parlerons plus tard.

 

Rapprochement et éloignement, voyons ces images de baisers qui nous ont marqués. Celui que Gustav Klimt a peint par exemple. Il s’agit d’un grand format, dans les vastes salles bien éclairées du musée Belvédère à Vienne.

(plus bas)

Il n’est plus question de savoir comment ces deux êtres se sont rapprochés, car la symbiose entre eux est déjà totale. Un, et pourtant deux chairs visibles au niveau des têtes, ------ du cou de l’homme, de l’épaule et des pieds de la femme. Le contact est fusion,

chaud comme l’or partout présent dans ce tableau. L’homme baise la joue de la femme, elle, l’aspire par sa peau. Les pressions des mains sont : saisie, appuis, frôlements, tenues. Ce tableau est selon Klimt « de l’or dans la nuit de Vienne. ». On dirait que l’homme a ses pieds pris, qu’ils sont enfoncés dans une épaisse parcelle fleurie tandis que la femme est à genoux sur cet enchevêtrement végétal et floral. Ce tableau est pénétrant de sensualité, d’amour, et de spiritualité, c’est le baiser de la passion, de la reconnaissance, des yeux fermés et des yeux ouverts. Des yeux mi-clos.------------- (nette changement de ton)

Silence

On le retrouve sur des boites à biscuits, des tasses, des tatouages, une voiture, un manteau pour chien, des étuis en tous genres. Ainsi le beau est mis partout. A voir s’il le reste. 

 

Dans les images à convoquer il y a aussi les baisers au cinéma. Ceux des amoureux, en noir et blanc, ou en couleur, filmé en travelling autour de ceux qui s’embrassent, ou dans un fulgurant rapprochement en plan serré. Il y a les gestes lents, pesés qui durent une éternité avant qu’enfin les bouches se rejoignent et les mouvements fougueux qui se collent immédiatement ou,,  esquivent en dernière minute. Le baiser----------- un enchantement, une parenthèse hors du temps, un état de béatitudes, d’extase et de lévitation ou ----------un désenchantement complet. Une expérience à renouveler dès que possible ou ------- à vérifier, à revoir et éventuellement à éviter à l’avenir.

 

Et l’histoire continue pour nous changer, et se changer. Embrasse-moi et le mauvais sort sera aboli, je retrouverai ma forme première dit la grenouille à la jeune fille à la balle d’or.

Embrasse-moi, sur la joue, sur les lèvres, sur le front, dis-moi si ce signe est affection ou simple protocole, ou réflexes. Si ce signe est salutation ou réelle reconnaissance,  marque d’amour ou de haine.

 

Les pages du livre se tournent, l’évangile se raconte et Luc mentionne ce passage dans lequel la pécheresse touche Jésus,  avec ses cheveux autour de ses pieds, avec ses baisers sur eux, avec des larmes pour mouiller ses plantes ou son plat ou son dessus de pied et puis l’essuyer avec ses cheveux. La fin de ce chapitre 7 au verset 45 se termine ainsi quand Jésus dit au pharisien : « je suis entré chez toi, tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds, tu ne m’a pas donné de baiser, tu n’as pas répandu d’huile sur ma tête mais elle, elle a fait tout cela et bien plus et ces péchés sont pardonnés puisqu’elle a beaucoup aimé. Et la chute à souligner en gras ------ mais celui à qui l’on pardonne peu, aime peu.

De quoi nous donner à cogiter et du baume au cœur pour poursuivre notre aventure de vie ! ----------------

Je termine ce récit en remontant les pages. Après l’amour que Jésus a reçu, après les marques d’affections qui lui ont été donné, après les mots doux qu’on lui a dit et qu’il a dit, est venu le moment fatidique du baiser qui scelle son destin. Troublant d’aimer et de haïr à la fois. Troublant aussi d’embrasser son ami pour le trahir. Un sceau sur sa joue, une ruse pour qu’ils le reconnaissent et Jésus, comme nous encore aujourd’hui, anéanti par cet acte et disant « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme » !

L’amour et la haine marchent ensemble, côte à côte, il est nécessaire d’apprendre à les distinguer l’un de l’autre et de pratiquer sans modération le baiser de l’amour sans ambiguïté.

 

Voilà ------- ce récit est fini, mais l’histoire continue, ------ la vôtre, celle dont vous êtes l’héroine ou le héros.

 

Du bien à vous, qui que vous soyez, où que vous soyez !